Songe blanc – extrait de l’ensemble Songes d’une vie d’Iris, 2019, 9,5x14cm, mine graphite sur papier bouffant. Dessin Laurence Gossart.

Par Laurence Gossart, docteure en Arts de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne

Quelle est l’histoire de l’iris ?

L’iris est une fleur apparue au Crétacé, c’est-à-dire, il y a 80 millions d’années. C’est une petite fleur que l’histoire chargea de beaucoup de valeur. Elle est tout d’abord l’un des symboles égyptiens, associée particulièrement à Horus, le dieu du lever et du coucher soleil.

Mais Iris est aussi une divinité grecque, bienveillante messagère des dieux et favorite d’Héra car elle apporte souvent de bonnes nouvelles. Iris, en grec ancien, c’est l’arc-en-ciel, celui sur lequel la déesse se déplace lorsqu’elle vient sur Terre. La fleur est le reflet de son nom, incarnant ainsi l’étendue de la palette de couleurs.

Il existe de nombreuses variétés d’iris : l’iris de marais, l’iris pallida, l’iris siberica, l’iris germanica et sa sous espèce l’iris florentina. Ce dernier, blanc, semblerait être l’iris que l’on trouvait particulièrement durant l’antiquité, sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, et dont Grecs puis Romains auraient eu usage. Plus tard, au VIe siècle, Clovis, le Roi des Francs, fit de l’iris le symbole que nous connaissons sous le nom de fleur de lys. Alors que Clovis était en guerre contre les Wisigoths, on dit qu’une biche traversa la Vienne, montrant ainsi à l’armée un passage sur les bords du fleuve qui était stabilisé par les rhizomes d’iris.

Comment ces peuples l’ont utilisé, et quelle est sa signification ?

Véritable plante magique, l’iris possède de nombreuses vertus et a plusieurs symboliques.

Elle fait partie des plantes les plus convoitées pour ses bienfaits thérapeutiques et son usage dans les remèdes naturels. En Grèce, la fleur ornait les tombes en hommage à la déesse Iris dont l’une des missions aurait été de couper les cheveux des femmes à leur décès avant de les guider sur le chemin de leur dernière demeure. Les romains, eux, voyaient dans la représentation des pétales de la fleur les symboles de la sagesse, de la fidélité et de la vaillance. C’est pourquoi il était commun de planter des iris bleus et blancs sur les temples de Junon. Déesse, femme et fleur, Iris est aussi pour le poète l’incarnation de la femme aimée. Synonyme de courage et de fidélité, elle accroit la sagesse et les connaissances. Symbolisant l’ardeur, elle est aussi le signe d’une haute intelligence. 

Et nos amis gaulois dans tout ça ?

Ont-ils été enivrés par les parfums dégagés par les flots d’iris au printemps ? Se sont-ils fait des bains avec leurs pétales pour se purifier et éloigner les mauvais esprits (ce qui se pratique au Japon) ont-ils mastiqué leurs rhizomes ou vénéré l’iris comme les Grecs et les Romains ? C’est très possible. Le Monde romain, comme la Gaule, sont des territoires que la petite fleur occupa bien avant leurs habitants… Porteuse de bonnes nouvelles et de bienveillance, elle éclairait de sa sagesse les vallées et plaines avant d’orner les temples ou de bouillir dans les potions.